Serigne Chouhaïbou MBACKE Educateur et le Recteur
Serigne Shouaïbou, fut marqué de façon indélébile par les propos qu’il a
retenus de sa rencontre avec son père et maître spirituel Khadimou
Rassoul. En effet il lui avait dit : " je voudrais que tu excelles dans
l’étude du Coran et que tu te consacres à son enseignement ". Ces
propos, il en a fait un sacerdoce auquel il resta fidèle durant toute sa
vie.
Si la Daara de Serigne Chouaïbou est devenue célèbre, mieux
une école de référence au Sénégal et même au delà, ceci est étroitement
lié à l’engagement personnel de son recteur
Au début c’est lui-même
qui s’occupait de l’enseignement, mais par la suite avec l’âge et ses
autres exercices de dévotion, il en confia la marche à des disciples
qu’il avait lui même éprouvés dans leur fonction d’enseignant. Malgré le
nombre d’élèves, il a de tout temps veillé directement sur un des
piliers essentiels de l’enseignement : la méthode pédagogique. Cette
fonction capitale, jusqu’à son rappel à DIEU, c’est lui-même qui
l’assurait jalousement.
En fait, on serait tenté de dire que l’une
des manifestations de la bénédiction qui a rejailli sur son enseignement
est sans doute la maîtrise du Coran par un nombre incalculable des
pensionnaires de son école, mais aussi de la durée de leur cycle qui est
un record en la matière. En effet comme dans les Daaras de Cheikhoul
Khadim, il n’est pas rare de voir des enfants à l’âge de 12 ans achever
et calligraphier la Sainte Vulgate.
Ce pédagogue de grande renommée
avait en effet inventé des méthodes spécifiques à certains cas qu’on
disait désespérés. C’est qu’en réalité sa résolution et sa détermination
à faire porter le livre de DIEU dans la poitrine d’un enfant ne
reculaient devant aucun obstacle.
A ces pensionnaires, dont lui
revenait l’entière prise en charge aussi bien du point de vue
nourriture, habillement que moyens pédagogiques, il savait inculquer par
ses entretiens brefs, de profondes leçons de soufisme, véritable
nourriture de l’aspirant. Un des aspects les plus dominants de ses
exhortations tournait dans le sens de la responsabilité et de la
décision spirituelle qui doivent caractériser le novice.
Ainsi, il leur tenait fréquemment ces paroles :
" tout homme responsable qui a délibérément abandonné père et mère sans
contrainte, et tout ce qui s’attache à ce bas-monde et se consacre
exclusivement à la recherche d’une chose, tout ce qu’on lui recommande
comme directive pouvant le lui procurer, il doit l’observer et tout ce
qu’on lui défend comme interdit pouvant le lui priver il doit s’en
abstenir. Sinon, tout autre comportement qu’il adoptera sera une
illusion de sa part ".
Dans ses recommandations revenait toujours
une vertue capitale : la constance dans les bonnes actions. Il détestait
l’oisiveté comme le défend Cheikhoul Khadim dans son traité de
politesse légale " Nahju Qadâ’il hâj " ou La voie de la réalisation des
besoins ".
" Ne préfères jamais l’oisiveté et le repos, car ces deux
n’engendrent guère le bien ; la gloire n’est obtenue qu’au prix de
l’effort ".
Ainsi, il les avait soumis à un rythme très chargé pour
leur défendre le désœuvrement dans toutes ses formes. Il n’était pas
rare de voir un de ses élèves après avoir réciter sa leçon du jour,
s’adonner à la révision d’une partie du Coran sans pour autant que cela
ne l’empêche de calligraphier sa leçon sur une tablette.
La
calligraphie est un domaine dans lequel il excellait et bénéficiait d’un
don. Un des disciples ayant fait ses études chez lui confie qu’ il leur
arrivait de rester une journée entière à s’ émerveiller et à commenter
un verset ou un poème calligraphié par Cheikh Shouaïbou, tellement la
belle facture de la plume leur paraissait extraordinaire.
la preuve
en est qu’aujourd’hui, il est unanimement reconnu dans le milieu
scolastique sénégalais un style qui en calligraphie est appelé "l’école
de Serigne Shouaïbou ". Il a formé une jeune génération qui a donné une
réplique aux doyens d’âge dans l’esprit d’une saine rivalité d’ardeur.
Aujourd’hui, dans la Bibliothèque Cheikhoul Khadim édifiée par Cheikh
Abdoul Ahad MBACKE 3ème khalife du Mouridisme, on trouve un nombre
important d’exemplaires édités dont les calligraphes d’une dextérité
rare, sont issus de cette école. On ne peut manquer de citer certains
ténors dont
Serigne Djily MBACKE fils de Serigne Abdoul Ahad MBACKE ou
Serigne Abdoul Ahad MBACKE son propre fils ou encore
Serigne Mouhamadou Habib fils de Serigne Abdoulahi Mbacké,
tous des petis-fils de Cheikhoul Khadim.
La formation intellectuelle dans les sciences coraniques était
complétée par de rigoureuses études en sciences religieuses. Sous la
direction de Serigne Habibou MBACKE, l’Imam et l’érudit de grande
renommée qui excellait dans beaucoup de domaines, l’école de Serigne
Shouaïbou était aussi une référence qu’on dirait incontournable par la
génération des fils d’autorités religieuses. Mettant sur pied un
programme qui se propose d’épuiser toutes les disciplines de la
scolastique traditionnelle, l’école a produit des savants et
spécialistes en sciences fondamentales, sciences instrumentales et même
en littérature.
Un jour, comme il entretenait des relations
cordiales avec les savants et autorités religieuses, il reçut Serigne
Hady TOURE de Fass TOURE. Lorsque les disciples venaient présenter leurs
salutations à l’honorable hôte, chaque élève lui remis un poème en
arabe en lui serrant la main. Appréciant la valeur et la teneur des
écrits, l’érudit de fass s’exclama : " ceci m’est plus agréable que les
réceptions ... "
Alliant la rigueur de la pratique aux enseignements
théoriques, les adeptes de la daara de Serigne Shouaïbou même à bas
âge, prennent l’habitude très tôt d’effectuer les prières canoniques
dans la Mosquée. Aussi, à l’approche du mois de Ramadan, leur faisait-il
des séances d’exhortation en vue d’une meilleure considération du mois
béni.
Dans sa concession de Darou Rahmane malgré le nombre important
des élèves, il était fréquent d’entendre un hôte demander s’il y avait
du monde ici, tant la discipline qui y régnait était exemplaire, car
chacun était occupé.
Le tout, pour corroborer la stature de
l’éducateur que fut Cheikh Shouaïbou dont tous les pensionnaires qui ont
fréquenté son école sont marqués d’une empreinte indélébile par ce
recteur et ce pédagogue, dont toute la vie fut consacrée à la
vivification de l’œuvre de Cheikhoul Khadim.
Source: www.htcom.sn